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Au crépuscule du jour

Chapitre I

Antonin a remarqué depuis quelque temps que Camille est tendue, qu’elle manifeste une humeur d’impatience sur des sujets qui lui paraissent anodins. Ce qui ne lui ressemble pas du tout !

Il fait son possible pour que les situations ne dégénèrent pas sur des conflits.

Il aime Camille et leur choix de vie lui convient, le remplit de satisfaction. Il a la certitude qu’il en est de même pour elle.

Tous les deux ont une vie professionnelle stable, des centres d’intérêts communs. Chacun a des activités personnelles en fonction de leurs besoins.

Les amis qui les côtoient ne cessent de leur dire qu’ils forment un beau couple, presque un « idéal » que certains aimeraient bien vivre !

C’est vrai que le rythme des journées, des semaines est intense. Peut-être trop ? Ils n’ont finalement que très peu de temps à partager tranquillement ensemble. Cela peut installer une fatigue importante se dit Antonin. Ce qui expliquerait le changement qu’il constate dans leur couple. Même les câlins sur l’oreiller n’ont plus tout à fait la même saveur, la même intensité.

Antonin se dit que c’est peut-être normal au bout de quelques années de vie commune.

Il y a eu aussi cet incident il y a trois mois. Camille lui annonce qu’elle est enceinte. Cela les bouscule, ils ne l’ont pas prévu dans l’immédiat, un accident constatent-ils.

Après bien des discussions sur cette situation inattendue, ils décident de ne pas garder cet enfant à venir. Ils ne sont pas tout à fait prêts. Camille doit relever des challenges à son travail, elle vient de changer d’entreprise il y a peu et elle dirige une équipe dont elle doit obtenir l’adhésion afin de construire et mener à bien le gros projet en cours. Elle aime son métier, en accepte les pressions multiples car elle ressent cet engagement comme étant un tremplin pour son épanouissement professionnel.

Elle est à un âge où elle peut différer son désir d’enfant. Antonin ne se sent pas encore dans la perspective d’être père, là, maintenant. Tous deux se sont redit l’amour qu’ils éprouvent l’un pour l’autre, leur confiance, leur complicité.

Antonin a fait du mieux qu’il a pu, avec attention et tendresse pour accompagner Camille dans cette étape qu’il a bien perçue comme une épreuve pour elle.

Aujourd’hui peut-être que cette tristesse qu’il voit dans son regard signifie le souvenir de ces jours difficiles ?

Une pensée le traverse comme une évidence. Camille n’aurait-elle pas un amant ? Ça expliquerait la tiédeur voire l’absence de plus en plus fréquente de son désir qu’elle justifie par une fatigue importante ! Et puis, elle n’est plus aussi câline, prévenante, à ses petits soins quand il rentre du boulot. Antonin sent une émotion désagréable monter en lui. La jalousie l’envahit avec le sentiment de trahison. La peur aussi, il panique un instant. « Non ce n’est pas possible, pas Camille » Lâche-t-il à voix haute comme pour s’en persuader !

 

Histoire d’en finir

Prologue

C’est seulement une fois ce récit bien avancé, que ces questions me sont venues : pourquoi écrire cette « Histoire d’en Finir » ? Qu’est-ce qui me pousse à vouloir mettre en mots cette histoire intime jalonnée de bonheurs et de maux vécus, compressés dans quatre mois de mon existence ?

C’est indéniablement une façon d’absorber ce qui est de l’ordre de l’incompréhension de situations inscrites dans une incohérence que j’ai vécue comme sidérante.

C’est aussi un moyen de faire « un pas de côté » face à cette fulgurance d’événements.

Salutaire est la dimension prégnante à chaque page, remplie des mots et des émotions qui traversent l’âme et viennent se poser en souvenir pour se transformer en expérience.

Le Deuil a plusieurs facettes, il contient un processus de cheminement contenant l’acceptation d’une finitude.

Sans prétention outre mesure, je définis ce récit comme un témoignage. Certes, pas des plus original mais particulier car chaque parcours de vie porte en lui sa propre singularité.

À sa lecture peut-être est-il possible d’y rencontrer des similitudes, faire des rapprochements, être interpelé par telle ou telle situation pour l’avoir un tant soit peu vécue, identifier des émotions connues ou bien au contraire, se sentir loin d’une telle histoire et pour autant y trouver un intérêt parce qu’elle ouvre à de l’inconnu.

Un récit, voilà ce que je désire exprimer à travers son déroulé, tissé à partir d’une trame linéaire des jours qui passent sur lequel sont brodés des points de vie, parfois maladroits parfois ajustés. Cela en fait-il une étoffe harmonieuse, chaotique ? Nul doute que c’est un ensemble, imbriqué d’attente, de dé-espoir, d’espoir, d’un souffle de lumière qui avive la création.

J’ai choisi une écriture au plus près de la réalité et de la spontanéité des moments vécus où alternent les sms échangés au cours de cette période ainsi que des explications, des éclaircissements nécessaires à la compréhension, des observations, des questionnements et des remarques sans jugement ni interprétation.

Je souhaite que le lecteur ait toute liberté sur la façon de s’approprier cette histoire contée.

Et comme tout conte, il y a un début et une fin.

Première partie

Il était une fois… Mardi 20 août 2019, Lyon

La Corrèze, Monceaux, petit village aux toits d’ardoises près d’Argentat qui offre son charme et sa langueur au fil de l’eau de la Dordogne. Elle est là, juste à quelques pas où j’ai planté ma tente. Un séjour rempli d’activités nature, de vols en ULM et de multiples partages avec mes amis : un temps de ressources bienfaisantes, heureuses.

Cela fait deux semaines déjà !

Le projet du retour : m’arrêter à Lyon pour voir mon fils et sa compagne. Belle perspective qui me met en joie.

C’était convenu, nous avons, avec le père de mes enfants, décidé lors de mon séjour en Corrèze, de nous retrouver ensemble chez notre fils. Le temps passe, dix-neuf ans que nous sommes divorcés. Un dé-ensemble douloureux. Durant ces années écoulées, nous avons tricoté une présence de parents, avec ses aléas, ses conseils de famille dans les moments forts et décisifs pour nos enfants mais aussi des moments heureux partagés sereinement. Aujourd’hui, nous avons des échanges apaisés, complices, dans le respect des êtres que nous sommes.

C’est lui qui s’est chargé d’une location, tout près de chez notre fils. Un bel appartement, grand espace, trois chambres, de quoi en avoir une pour chacun.

Il est descendu en train, nous devons remonter en voiture ensemble deux jours plus tard.

À Lyon, je suis attendue. Quel bonheur de se retrouver avec notre fils Léo et sa compagne Annabelle ! Deux journées de balades et expositions, un bœuf mémorable tous les quatre lors d’une soirée : les deux hommes à la guitare, moi au djembe et Annabelle à la voix !

En dehors de ces moments, je remarque qu’il écrit de nombreux messages sur son portable.

C’est lors de notre déambulation à une exposition, dans le centre de Lyon que nous l’avons « perdu » avant de le retrouver dans le jardin en pleine communication téléphonique. Il raccroche rapidement en nous voyant.

– J’étais avec ma tante, nous a-t-il répondu, pour se justifier. Sa tante ? Cela m’interpelle.

Le lendemain, matin du départ, lorsque nous nous préparons, je le sens « occupé », fébrile, content.

Je mets cela sur le compte de ces deux jours heureux que nous venons de partager et le moment que nous allons vivre puisque nous prenons un dernier petit déjeuner chez notre fils avant de prendre la route.

 

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