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Markus RICHARDSON

Dieu n'existe pas, je l'ai rencontré

" Tu es un looser et tu ne crois en rien ! "

C'est sur cette phrase définitive qu'elle boucla ses valises et partit voir ailleurs. On ne pouvait pas, à proprement parler de looser, j'avais une situation, précaire, certes, mais je travaillais dans le domaine de mes rêves : le journalisme. Je courais la pige pour plusieurs quotidiens et hebdomadaires, rien de transcendant mais cela finirait par se dégager, je réussirais sans doute. Niveau croyance, ma toute nouvelle " ex " n'avait pas tort : de mon enfance en école privée, patronages et autres services de messe, je n'avais gardé que le côté superstition de la religion. Ne pas poser le pain du mauvais côté, ne pas (trop) jurer, ne pas souhaiter aux autres ce qu'on ne voudrait pas qu'il nous arrivât. Des tas d'autres choses de cet acabit. De croyance et de foi, pas le moindre signe. J'étais donc seul ce mois de janvier-là ; pas d'animaux, pas de spiritualité pas de compagne, guère d'avenir à y regarder mieux.

Le samedi 26, je quittai mon appartement en fin de matinée, j'avais deux événements à couvrir et je souhaitais me balader, à la recherche du scoop qui pourrait me sortir du ventre mou dans lequel je végétais.

 

Les nécessités du marché

Je le sais réceptif au langage corporel, je me tiens donc bien droit, les jambes légèrement écartées, ancrées au sol : de la moquette rase, de qualité, couleur gris taupe. J'avais œuvré pour que la vue dont il est si fier, les toits de la grande ville et un méandre du fleuve finissant tranquillement son périple en contrebas, se trouvent dans son dos. Comme panorama, il ne lui reste que sa porte chichement capitonnée et ma résolution transmise par le regard noir de mes yeux gris. S'il cherche le réconfort de sa fort jolie copie chinoise de Manet, il doit détourner son attention de ma personne et il a du mal à s'y résoudre. Je cherche, dans mon attirail d'ancien comédien amateur, le ton qui convient : pas trop hargneux mais résolu tout de même.

- Alors c'est non ?

Il baisse une fraction de seconde son regard puis le rive de nouveau au mien.

- Je ne peux pas sortir ton recueil en édition normale, il faut se plier aux nécessités du marché.

 

Mélisse, délices

On nous avait prévenus. " Ce sont des sauvages " ; " ils ont le sang chaud et la violence dans le sang ". D'autres facteurs nous avaient poussés à prendre nos vacances en cet endroit. D'abord, les promotions de fin de saison, vraiment intéressantes sur le transport comme sur l'hébergement ; la beauté des sites, entre mer et montagnes, ainsi que la promesse d'une météo clémente alors qu'il était presque temps d'allumer le chauffage un peu partout ailleurs, nous décidèrent. Nous souhaitions fonder une familles rapidement, nous vivions donc peut-être nos dernières vacances en amoureux, tranquilles. C'est pour cela que Viviane prépara avec beaucoup de soins notre voyage, à la manière d'une expédition à la recherche d'une cité perdue au fin fond de l'Amazonie.

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