Je marche, tu marches, nous marchons depuis toujours - De Lucy à Armstrong
Philippe Pointereau
Pour présenter le livre
Depuis près de cinquante ans je randonne, j’ai besoin de la solitude des chemins de grande randonnée, j’adore me confronter et admirer la nature brute des campagnes, des montagnes et des bords de mer, découvrir en flânant l’atmosphère des grandes villes et la spécificité des villages. Les confinements récents et cette privation toute ordinaire de marcher m’ont définitivement incité à écrire sur la longue histoire des marcheurs, depuis l’origine des temps. Marcher c’est le souffle de la vie, la liberté de tous les humains, un élément incontournable et égalitaire sur notre Terre. Nous allons marcher ensemble depuis la vallée d’Omo avec Lucy jusqu’aux premiers pas inoubliables d’Armstrong sur le sol lunaire.
Les marcheurs cueilleurs
À l’origine des temps, depuis le Paléolithique, marcher était le seul moyen de survivre pour trouver sa nourriture. Little Foot, Lucy, Sélam, Mrs Ples, l’homme de Cro-Magnon, l’enfant de Taung, l’homme de Neandertal et leurs compagnes et compagnons de la Préhistoire étaient tous des cueilleurs, des pêcheurs et des chasseurs. Ils parcouraient les forêts, leur milieu naturel pour trouver des points d’eau, chasser le gibier, pêcher, cueillir des fruits sauvages et ramasser des plantes comestibles. Ces femmes et ces hommes ont d’abord été des marcheurs cueilleurs.
Méandres de la vie - Philippe Pointereau
Les fêtards du Gault
Ce samedi 5 septembre 1981, j’étais dans l’un des trois cars bondés de personnages costumés, des gueux, des moines, des paysannes, des gentes dames, des chevaliers, un bourreau, un écrivailleur public, le diable, la mort, un bouffon, un vendeur de balais… tous venus d’un village de Beauce, Le Gault-Saint-Denis, à l’invitation de Fernand Bucchianéri, maire de Solutré, ancien déporté du camp de Buchenwald, ancien journaliste à France Soir, passionné d’automobile et d’aviation. Brusquement tous mes amis hurlèrent d’un seul tenant en voyant la foule des dizaines de milliers de Mâconnais et de Bourguignons qui se pressaient dans les rues de la ville. Tous ces gens venaient pour nous, pour le défilé nocturne avec le millier d’autres personnages médiévaux venus des villages du vignoble du Mâconnais, de Foix et de la Clayette.
Tous mes amis allaient devoir jouer leurs personnages en pleine rue, se sortir les tripes pour le plaisir de toute la population. C’était notre première sortie hors de notre bourg de 600 habitants et nous étions cent-soixante-cinq !!! Nous étions là car ce responsable du tourisme en Bourgogne nous avait découvert en direct sur TF1, pendant deux heures, avec la reconstitution de notre fête médiévale. Trente techniciens de la chaîne étaient venus pendant une semaine au village et avaient réalisé ce direct avec le concours de toute la population du village, de toutes les générations, de toutes les sensibilités, de toutes les couches sociales, artisans et commerçants, agriculteurs, ouvriers, maire, instituteur, curé, tous unis pour une bonne cause : la FÊTE !
Et ce fut une détonation pour la télévision régionale, pour les journaux, pour tous les gens qui nous virent sur leur petit écran. À partir de ce jour, nous colportâmes notre fête dans toutes les régions de l’Hexagone, à Cordes, à Foix, à Salon de Provence, à Coëx, à Obernai, à Rixheim, à Chartres, à Mâcon, à Solutré…